Les puissants de la Terre qui, en contrôlant le capital et les finances, contrôlent tout, décrivent la terrible réalité à laquelle sont soumis les hommes. Le marché établit la loi et les citoyens subissent des manœuvres financières «larmes et sang». Les fonds de couverture privés peuvent surveiller leurs propres actions mais les gouvernements élus démocratiquement ne peuvent pas décider de leurs politiques économiques. Le privilège et l’enrichissement de quelques-uns sont basés sur le sacrifice et la pauvreté de beaucoup.
Quand, à un certain moment de l’histoire de l’homme, il apparaît clairement que des populations entières ont été trompées pour favoriser l’enrichissement illégitime d’un petit groupe, les personnes capables de révéler la tromperie ont le devoir moral d’agir pour éviter que le tort subi continue et se propage.
Nous affirmons qu’il existe des principes inviolables autour desquels construire un modèle économique valable, fondé et juste.
Pour autant qu’ils semblent démodés,et même si les nouvelles générations en ont presque perdu la mémoire parce qu’ils ont été remplacés par de faux dogmes créés ces dernières décennies, ces principes sacrés naissent d’une seule vision du monde à savoir que l’action économique doit provenir de valeurs morales devant lesquelles elle doit absolument s’incliner.
Cette vision millénaire du monde affirme qu’aucun homme ne peut être placé au-dessus ou en dehors des lois morales qui préconisent que l’objectif d’un gouvernement soit tout simplement celui de permettre à son peuple d’atteindre le bonheur parce qu’ il est reconnu que le bonheur est le bien économique immatériel auquel on aspire le plus.
Par conséquent, si on admet que c’est là le but suprême de toute action d’un gouvernement, il faut aussi reconnaître que ce but a été non seulement négligé mais, qui plus est, interdit par un mécanisme subtil et pervers ; celui d’occuper le centre de la pensée qui a conduit la plupart des gens à estimer passivement qu’il existe des règles supérieures à l’économie, dictées par le soi-disant marché libre, dont le seul objectif , impunément poursuivi ,est celui de réduire les peuples en esclavage.
Des expressions comme spread, équilibre du budget , respect des comptes publics et de la dette publique sont devenus des fétiches auxquels sacrifier, comme victimes nécessaires, des jeunes réduits au chômage, des personnes âgées sans soins ni protection, des entrepreneurs suicidaires, des pauvres dépouillés de toute dignité, des peuples d’autres continents contraints de se déplacer selon des modèles d’exploitation néo-coloniale.
Nous refusons ces règles et proposons de détruire ces fétiches monstrueux en partageant une vision différente du monde fondée sur 8 principes suivants.
1. La finance est sujette aux exigences de l’économie réelle. Ces exigences sont décidées par l’action politique, dans le respect des valeurs morales supérieures, parce que le centre de l’action économique est l’homme et non plus le marché.
2. La monnaie redevient publique. Dans le système économique, elle doit être émise seulement par une banque centrale publique qui ne peut être en aucun cas indépendante des gouvernements, des parlements, et des organismes expressions du pouvoir démocratique populaire. Au contraire, la banque centrale est explicitement assujettie à l’intérêt et au contrôle public afin de poursuivre des objectifs de croissance, de pleine occupation, de bien-être social, en contraste avec n’importe quelle politique d’austérité. Les figures apicales de la régie monétaire ne sont plus nommées par l’élite financière mais suivant une représentation démocratique du peuple souverain.
3. Abstraction faite des accords internationaux auquel il entend adhérer, un État ne peut renoncer à l’exercice politique et indépendant de sa politique fiscale et monétaire. Ces politiques ne doivent pas avoir de limitations de budget dès lors que des actions économiques d’expansion anti cycliques sont nécessaires , dictées par l’exigence suprême d’atteindre la pleine occupation et la sauvegarde des droits humains inviolables surtout celui du droit à une vie saine, longue, libre et digne.
4. Le système financier international doit être à nouveau divisé entre banques qui financent les familles et les entreprises d’un côté et celles qui jouent en bourse, de l’autre. L’action de l’état, même à travers les banques publiques, se concentre alors sur la première typologie; sa finalité est celle de veiller sur le crédit et l’épargne. L’argent public ne peut être en aucun cas utilisé pour sauver les spéculateurs ou entraîner les épargnants et leurs familles dans des désastres issus du jeu bancaire.
5. Chaque pays est libre d’adopter les politiques d’échange cohérentes avec ses propres exigences afin de lutter contre les modèles de globalisation qui cachent, sous la libéralisation des marchandises et des capitaux, la “glèbalisation” c’est-à-dire l’asservissement et le commerce des êtres humains.
6. Les pays libres du monde mettent en place des normes qui contrastent le pouvoir juridique, fiscal, économique, financier et médiatique des multinationales pour les empêcher de se substituer aux gouvernements. Les ingérences des grandes banques d’affaires dans l’organisation économique des pays libres ne sont en aucun cas tolérables. En ce sens, les états contrastent le dumping, l’évasion fiscale, la concurrence déloyale, l’exploitation actuelle de la main d’œuvre de la part des multinationales qui, ce faisant, nuisent à la dignité économique et sociale des peuples, à leur santé et à leur liberté.
7. Les objectifs de la politique économique d’un pays ne se mesurent plus par la logique froide des chiffres mais par des indicateurs chauds. Au lieu du rapport dette / PIB, on évalue la croissance de l’épargne privée, la santé des citoyens, le taux d’instruction, l’accès à une information libre, le niveau de santé publique la qualité de la recherche, la qualité de la vie, le taux de natalité et le soutien à la procréation de l’espèce humaine. Le but de l’économie humaniste est d’ensevelir l’économie capitaliste comme incident de l’histoire, en remettant au centre l’homme et non le marché, le travail et non le capital, la valeur des choses et non leur prix et, en définitive, ce qui vaut la peine d’être vécu à la place de ce qui doit être échangé.
8. Afin de garantir le respect de ces principes inviolables et sacrés, et afin de sanctionner quiconque, aussi bien dans la sphère publique que privée, agit pour violer ces principes, on institue un tribunal international avec jury populaire contre les crimes financiers Quiconque, sous prétexte de soi-disantes nécessités de rendement met en œuvre des actions de transfert des pauvres aux riches en accumulant des richesses illégitimes devra répondre de ses actes devant ce tribunal.
Par conséquent, en tant que femmes et hommes libres, nous signons ce manifeste en demandant que cette vision différente de l’économie, qui représente une proposition de révolution culturelle du XXI ème siècle, soit examinée et discutée avant de passer aux propositions législatives et à l’action politique.
Dans les moments les plus sombres de l’histoire quand un peuple a été oublié par ceux qui auraient dû élever sa condition misérable, il a le droit de trouver le courage de se relever .
Dans cet esprit et dans le seul but de réaliser la vision d’une économie de l’homme, conscients d’affronter une bataille inégale nous signons en mettant en première ligne notre vie, notre liberté et ce bien non négociable qui s’appelle honneur."