Effets des difficultés et des procédures collectives sur la santé psychophysique des entrepreneurs et indépendants en général
Conclusions d'un entretien en date du 18/03/2016 entre
la Direction Générale de la Santé Publique auprès du Ministère des Affaires sociales et de la Santé au 14 avenue Duquesne- Paris 7ème
et
le Dr en Recherche Psychologique , Alexandre Bouvard, Mme Brigitte Vitale , présidente de l'Association Aide Entreprise.
Sur une base d'observations et de données récoltées sur 6 ans, notre association, mandatant à cet effet le Dr. Bouvard, a décidé de mener une recherche empirique visant à tester l'hypothèse qu'il existerait un lien direct de cause à effet entre les carences étatiques, les dysfonctionnements du système judiciaire, en particulier dans le cadre des procédures collectives ( réponse d'état aux difficultés et défaillances des entreprises) et la santé physique et psychologique de leurs (ex) dirigeants.
Ainsi , dans le cadre de la mise en place d'un observatoire des pathologies graves et suicides des entrepreneurs et indépendants en difficultés , mais aussi de ceux qui après défaillance n'appartiennent plus à ces catégories, nous avons rencontré la Direction Générale de la Santé Publique.
A notre question sur l'implication de la DGSP pour un phénomène qui selon nous relève de leur ministère il nous a été donné des réponses que nous pourrons résumer ainsi:
1/La première est qu'il nous appartient, avec nos réseaux et connaissances, de mettre en place , seuls, sans aide de l'état, cette recherche. Cela implique naturellement qu'il nous appartient également de trouver nos financements, les " fonds d'états étant en diminution et reconduits aux associations déjà bénéficiaires" ( nous n'attendions pas moins de l'état).
2/Que des structures de soutien psychologique étaient déjà présentes sur le territoire et devant notre objection sur leur efficacité, la réponse a été: "portez plainte à l'ARS", comme si l'absence de préparation spécifique de la part des professionnels de santé relevée par nos observations en réponse à des situations complexes et récurrentes totalement propres au patronat constituait une " faute". La démonstration pourtant de cette inefficacité et la nécessité d'une réponse ciblée est la mise en place d'un dispositif intitulé Apesa sur initiative d'un greffier, Marc Binnié, longtemps témoin du risque suicidaire des entrepreneurs transitant dans les tribunaux, qui a été cautionné par le Ministère de la Justice récemment, et présent actuellement dans 30 tribunaux de commerce sur 134 sous forme de Charte Apesa.
3/ Devant la problématique d'anticiper, prévenir, les suicides ou des pathologies sans doute issues d'un enchainement de problèmes stillicides, il a été "reproché" à notre association " de trop en faire" et de se substituer ainsi à la "fonction des proches et de la famille" à laquelle les chefs d’entreprises, indépendants, en crise suicidaire, "doivent" s'adresser ( ou s'adresseraient sans doute si nous n'intervenions pas). Nous n'étions pas loin de nous faire accuser de "soutien abusif" ayant effet de retarder la prise en charge des personnes à risque. Cette affirmation nous informe sur l'énorme distance qui doit être parcourue entre ces ministères et les réalités de terrain où les concernés qui ont survécu, ont tous témoigné "préférer mourir que de vivre la honte et le mépris de l'entourage" ou " de ne pas faire en ajouter au sein d'un noyau familial déjà trop éprouvé par leur faute".
Ce sentiment de "honte" est omniprésent et décrit par M. Hervé Lambel,
" une ostracisation aux racines populistes depuis plusieurs décennies que les patrons subissent" et qui "voulue ou non, est amplifiée par l'effet de loupe des medias et des politiques autour de la question des plans de licenciements des grands groupes, de la rémunération des patrons… qui ont contribué à créer une image fausse des patrons", ajoutant qu' "un tournant avait été marqué au moment où Jean-Pierre Raffarin, ancien ministre des PME et alors Premier ministre, a vulgarisé l'expression au point de rendre quasiment automatique le trait d'union entre patron et voyou".En 2012, JL Melenchon enfoncera le clou déclarant "qu'entreprendre s'assimile à la cupidité, au désir excessif du gain et de l'argent" face à la proposition du chef de l'état d'un enseignement en faveur de la valorisation de la notion d’entreprendre auprès des jeunes collégiens, lycéens et étudiants.
Que peuvent un peu plus de 3 000 000 d'individus faussement représentés par des syndicats patronaux de pacotille quand il s'agit de TPE face à plus de 60 000 000 largement représentés?
En d'autres mots, ce sentiment induit par la communauté du monde des médias et de la politique environnante, ne permet pas à l'entrepreneur de le dépasser et de se considérer comme une "victime", donc nécessitant d'une aide extérieure.
"Il va au contraire redoubler d'efforts", ajoutera Hervé Lambel, "parce qu'il n'a pas le choix face aux banquiers , aux partenaires professionnels, aux clients" qui lui soustrairaient une confiance surement déjà compromise, hâtant le déclin. C'est un cercle vicieux sans fin, et quand l'entourage se rend compte de la vérité, les dégâts sont déjà avérés d'un point de vue psychosocial.
Conclusion:
Ces réponses réfutent l'urgence éventuelle de démontrer l'existence d'une "hécatombe entrepreneuriale" ( ou bien celles-ci ont été dispensées à la "tête du client",ce qui dans une mentalité bien française,qui considère le contenant est plus important que le contenu , n'étonnera pas) alors que les chiffres de deux suicides d'agriculteur par jour ont été reconnus en 2016; la Mutualité Sociale Agricole (MSA), qui a lancé en 2011 un plan national d’action, a établi que le suicide était la troisième cause de décès chez les agriculteurs exploitants et que, sur la période 2007-2009, on avait déploré 417 suicides chez les hommes et 68 chez les femmes .
Libération évoquait dans son article du 7 novembre 2014 "une hécatombe au doigt mouillée" critiquant les conclusions de l'Observatoire Amarok
Aujourd'hui, si nous comptions les suicides de toute les professions indépendantes confondues, nous sommes en droit et devoir de nous demander combien des 15 000 suicides sont imputables aux
entrepreneurialeLes chiffres de 2015 montrent une hausse globale de 1.1% des défaillances, mais seulement pour les microentreprises (+ 2.1%) , celles qui impliquent le dirigeant en première ligne contrairement aux PME
, ETI et grandes entreprises pour lesquelles, plus la taille de l'entreprise augmente, moins le dirigeant est seul face aux difficultés, généralement encadré au sein d'un conseil d'administration.
Notre recherche , si son hypothèse est démontrée, aurait pourtant pour conséquence de pouvoir mettre en place des dispositifs de prévention dès les premiers signes de difficultés, ce qui aurait pour conséquence directe de sauver des entreprises et leurs dirigeants, ainsi que notre économie.
M. Hervé Lambel, en réponses aux questions soulevées, expliquait quelles solutions nous avions à disposition pour effectuer le repérage systématique des signes avant coureurs de catastrophes avant tout humaines, mais également économiques, sur la base de croisements de données existantes.
C'est ainsi que notre association, disposant de statistiques sur ces données relevées sur 6 années d'aide bénévole et gratuite envers ces personnes morales et physiques en souffrance, justifie la recherche sur l'hypothèse d'un lien direct de cause à effet entre procédures collectives et maladies graves et suicides.
Si ce lien est démontré, il impliquera l'obligation ( du moins c'est ce que nous espérons) de la part des ministères du travail, de l'économie et finances, et de la justice d'intervenir afin d'agir sur ces causes, notamment celles de 87% de défaillances qui font de nous les champions du monde.
La réponse officielle de l'Etat jusqu'à présent a été " oui, mais le nombre de nouvelles créations compensent ces défaillances et donc nous gardons un tissu entrepreneurial stable".
On retiendra sur cette position, celle en particulier de M. Juppé, qui invité de la matinale RMC-BFMTV le 25 juin 2016, déclarera que "La France est le pays où l'on crée le plus d'entreprises en Europe", oubliant d'ajouter que nous sommes aussi non seulement les champions d'Europe, mais du monde, en nombre de faillites.
L'article faisant mention de cette déclaration d'Alain Juppé , mettra en évidence , en contrepartie, non pas les "défaillances des entreprises" mais les " cessations d'activité" , inférieures à nos voisins, donnant faussement et mensongèrement une "image" de pérennité dont il n'est rien en réalité.
Cette cécité pernicieuse du gouvernement, qui s'auto glorifie de son tissu économique, en se servant du
Ces chiffres sont en hausse constante et il serait là aussi intéressant de connaitre la provenance de ces chômeurs.
Pour en revenir à notre rencontre au Ministères des Affaires Sociales et de la Santé, il est évident que leur réponse, très superficielle, en adéquation sans doute avec l'insignifiance en termes de pouvoir économique et politique de notre association, malgré l'énorme travail accompli sur le terrain, n'entend pas tenir compte des implications sociales et sanitaires outre qu'économiques de ces suicides, dénoncés par nos voisins plus courageux comme des "suicides d'état", et nous pouvons ajouter personnellement, de ces "pathologies d'état", qui condamnent notre pays à une déchéance annoncée.
Nous allons donc droit dans le mur ,à cause ,
- d'une part, selon Agnès Verdier-Molinié directrice de l’iFRAP, dans son livre, à cause d'un "empilement des taxes, des lois, des décrets, des aides sociales, des strates administratives, des régimes de retraite, des exonérations" , qui est une réponse en aval à un problème que notre gouvernement ne sait absolument pas traiter en amont, de ce fait harcelant littéralement les francais ,
- d'autre part, selon Philippe Pascot, à cause des responsables de ces décisions, c'est à dire " des élus (de plus en plus nombreux) et des parlementaires qui ne savent rien de la vraie vie, celle des fins de mois difficiles, des courses à faire pour la semaine, des repas à préparer pour les enfants, de la voiture qui tombe en panne au mauvais moment, des transports en commun bondés et toujours en retard" , élu, qui "prend goût au pouvoir et à tout ce qu’il représente" et qui "du jour au lendemain", " cesse de faire partie du commun des mortels" devenant un "surhomme".
Ces élus, en charge de ministères dont les exécutants ne mesurent pas plus l'importance de leur désinteressement des vrais problèmes qui touchent ceux qui n'ont pas leur chance de se de travailler au sein de services d'état comme eux, sont les directs responsables de ces morts et de ces malades.
Il est évident, et nous le savions avant même d'accepter leur convocation pour un rendez-vous en réponse à un de nos courriers d'alerte, qu'il n'était pas dans l'intéret d'un quelconque Ministère de nous soutenir dans nos démarches d'études qui pourraient aboutir en fin de compte sur la démonstration de leur reponsabilité directe, mais nous avons voulu néanmoins, en avoir le coeur net avant de poursuivre notre route.
Nous reviendrons donc vers nos élus, avec ces propros, afin de les solliciter cette fois tout à fait officiellement et conjointement, car nous ne pouvons faire autrement qu'espérer que parmi les élus , certains prendront leurs responsabilités, ainsi qu'il est demandé de faire à chaque décideur privé de France ( les entrepreneurs et indépendants).
Nous espérons que Philippe Pascot se trompe quand il affirme que "les parlementaires se gardent bien de s’aventurer dans des réformes profondes de la société en évolution ou sur des terrains trop voyants qui les exposeraient à la critique ou pire, à la vindicte populaire.
La prise de risque altruiste s’amoindrit pour faire place à une prise de risque calculée qui n’entachera pas leur plan de carrière."
Dans l'attente, nous suivrons les conseils qui nous ont été donnés par la DGSP, mais que nous savions être la seule option sérieuse, et nous nous rapprocherons des organismes qui ont un intéret direct et économique dans la vérification de notre hypothèse.
Afin de ne pas conclure sur une note négative et voir l'aspect positif de cette rencontre, il nous a été assuré que si nous posions sur la table de la DGSP une recherche aboutie, qu'ils estimaient à 6 mois de travail, ( utopique selon nos estimations), ils "appuieraient " notre demande auprès du Ministère du Travail et du ministère de la Justice, afin d'envisager des prises de mesures........
Nos objectifs :
1/Nous entendons d'abord mettre en évidence l'existence d'une catégorie complètement ignorée d'individus ,sur la simple base de la gestion des données déjà existantes de notre association, qui n'a aucune reconnaissance juridique et que nous avons défini les "liquidés".
2/ Démontrer que s'il existe bien un "burn out" de l'entrepreneur, travail déjà en cours par le soins d'autres associations et organismes, il existe également et absolument non reconnu, un véritable "massacre systématique" des ex indépendants, qu'en Henri Dumas, dans son blog "Témoignage Fiscal" est allé jusqu'à comparer à un "génocide d'entrepreneur"
Ceux qui prétendent que l'injustice est inévitable oublient qu'elle ne l'est que parce que trop de gens leur ressemblent.
"Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute" (Platon), c'est le dénominateur commun des pensées des personnes que nous aidons.
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