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Lettre de suicide de Patrick à Aide Entreprise

Lettre de suicide de Patrick, entrepreneur.
Lettre de suicide de Patrick, entrepreneur.

IL M'EST IMPOSSIBLE DE PORTER LE POIDS DES SUICIDES DES PETTS PATRONS EN DETRESSE!

SI LE GOUVERNEMENT PENSE QUE CE N'EST  NI SON ROLE NI DE SA RESPONSABILITE, C'EST ENCORE MOINS LE NOTRE

 

Il y a trois jours je recevais un courrier de CL, femme entrepreneur en liquidation, qui m'informait  vouloir se suicider en signe de protestation contre l'indifférence subie et le silence absolu face à ses nombreux appels à l'aide, manuscrits et téléphoniques.

 

J'en parle avec d'autres associations, et le problème qui se pose est de savoir si alerter et publier ces appels au secours n'allait pas d'une part faire des émules, d'autres part mettre le gouvernement face à un chantage médiatique tout à fait inacceptable.

 

J'ai longuement réfléchi à ce dilemme. Mais j'ai aussi  largement constaté ce "silence", pour l'avoir vécu, pour l'avoir observé et je n'ai aucun doute sur les dégâts que cette épée de Damoclès cause. Je sais que le silence, celui que les petits patrons en quête de justice et de réponses subissent et celui qui entoure cette réalité, doit être rompu, mais la question qui se pose c'est "comment".

 

Ce soir, très distraitement, j'ouvre la boite mail de Aide Entreprise alors que j'étais en conversation téléphonique et je découvre avec horreur un autre mail: une lettre de "remerciement" et "d’au revoir" qui m'est adressée personnellement de la part d'un entrepreneur que j'aide depuis quelques temps à obtenir des aides sociales, maintenir son logement, son véhicule , avant de l'aider à mettre fin correctement à son activité du BTP.

 

Patrick a quasi 60 ans. Il n'a pas internet chez lui, ni TV, il n' a plus de moyens financiers pour cela. Il n'a pu ni "émuler" , ni "instrumentaliser".Il ne sait même pas que CL existe!

 

Il m'avait  adressé plusieurs sms, et submergée , je l'ai appelé tardivement, le laissant SEUL avec ses courriers d'huissiers de saisie de son véhicule, son outil de travail , et de procédure d'expulsion de son domicile.

 

J'avais déjà alerté les services sociaux et la gendarmerie dans le 67, parce qu'il avait quitté brusquement son appartement, pour aller à la rue, suite au harcèlement de son bailleur envers sa fille ( qu'il voulait protéger de la honte). Là encore, submergée d'appels à l'aide, je n'ai pas répondu promptement aux siens . Débordés, les premiers n'ont pu que lui fixer un rdv deux semaines après mon appel, et les seconds, sans motif sérieux, plainte de l'interessée ou menace de suicide de Patrick, n'ont pu intervenir.

 

Je savais cet homme totalement et profondément désespéré, même s' il ne le disait pas vraiment,  avec ses problèmes d’entreprise, de dissonance, de dignité perdue après des années de travail,d'un emploi qu'il avait perdu et qui l'avait obligé à se lancer (sur les conseils de pole emploi) dans entrepreneuriat après 55 ans; je l'ai incité à se rapprocher d'une unité psychiatrique, mais en vain .

 

Il m'écrit ce sms ce soir: "Je viens de quitter Greisheim près de Molsheim où habite ma fille. Un père de famille s'est suicidé par pendaison aujourd'hui et ça semble amuser une partie de la population". Mais je ne vois le sms qu'après sa lettre. J'en comprends le sens plus tard.

 

Alors je prends ce soir la décision de publier ce courrier, avec l'accord sms de son auteur qui est pris en charge par l’hôpital de Strasbourg et envoyé à Brumath en ce moment même où j'écris.

 

 

Les instances concernées DOIVENT de toute urgence prendre deux dispositions essentielles et pour lesquelles j'appelle à l'aide toutes les associations pour y travailler:

- Reconnaitre un statut de "liquidé", sans lequel il est impossible de prendre en charge ces personnes auxquelles, à ce jour, aucun droit n'est reconnu et par conséquent, aucune aide ciblée.

- Garantir aux "liquidés" une prise en charge socio-psychologique systématique dans le cadre d'un redressement mais surtout d'une liquidation, à un niveau national, sur exemple du dispositif du Tribunal de Saintes mis en place par son greffier, Marc Binnié.

 

Il n'est ABSOLUMENT PLUS TOLÉRABLE, laisser ces personnes qui ont eu le courage de "risquer", qui ont tout tenté pour s'en sortir seuls, d'être traitées comme des parias et les priver de leurs droits fondamentaux.

 

J'invoque donc

pour ces personnes que le système  actuel, sous la responsabilité du gouvernement,  livre sans moyens, ni de protection réelle, ni de défense réelle

-aux abus bancaires,

-abus de collectivités territoriales

-abus d'organismes sociaux

-à l'incompétence des services sociaux/emploi,  déresponsabilisés et "m'enfoutistes"

( les lois ne sont pas appliquées par déontologie entre confrères dans les professions qui suivent )

-abus/incompétence de Tribunaux

-abus de mandataires/liquidateurs,

-abus/incompétenced'avocats

-abus d'huissiers

 

que soient reconnues et appliquées les  libertés et les droits reconnus par la Constitution, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, le préambule de la Constitution de 1946 (repris par celle de 1958), la Charte de l’environnement (intégrée dans le préambule de la Constitution en 2005) et les principes fondamentaux auxquels ces textes renvoient qui  sont à la base de la démocratie et dont le Conseil constitutionnel a fortement contribué à renforcer leur respect.

 

DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME

Article 3

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 23

1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.

Article 25

1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

 

J'ai suffisamment entendu pour aujourd'hui , et chaque jour depuis des mois: "cela ne relève pas de notre service", "nous n'avons pas de solutions", "nous ne sommes pas responsables des malheurs de untel", "il n'est pas le seul dans cette situation", " personne ne l'a oblige à entreprendre" et j'en passe....

 

je réclame au nom de Patrick, qui nous confie sa vie et autorise à s'exprimer en son nom

 

Le droit de vivre.

 

Dignement.

 

Pour ceux qui comprennent sa situation et qui la vivent , je vous demande de lui envoyer à l'Hopital de Brumath une carte, un geste  de soutien.

Patrick, hospitalisé pour crise suicidaire le 26/11/2014

EPSAN - Hopital Psychiatrique

Pavillon St Augustin Chambre 10
141 avenue de Strasbourg - BP 83
67173 BRUMATH CEDEX

contact@ch-epsan.fr

 

Sa place n'aurait pas du être dans ce type d'institution ce soir, mais au chaud et en sécurité chez lui, en train de jouer son rôle de père proche de la retraite.

 

Aide Entreprise (lien FB)

info@aidentreprise.fr

 

 

 

NB: Il s'agit de  bien comprendre qu'il s'agit pas ici d'inciter à la révolte dans la rue, ni  de détruire ce qui de bon existe dans notre pays, mais de reconstruire ce qui ne l'est pas ou qui ne l'est plus, ENSEMBLE, citoyens concernés et leur gouvernement. Les entrepreneurs sont la richesse de ce pays et doivent pouvoir participer au débat en révélant leur véritable situation, le gouvernement en revanche,  a le devoir de protéger son investissement. Tout commentaire inutilement dénigratoire visant seulement à un défoulement personnel et non constructif sera supprimé.

Tous droits réservés © www.aidentreprise.fr 2014

Tag(s) : #SUICIDE ENTREPRENEURS, #ABUS MANDATAIRE JUDICAIRE, #ABUS BANCAIRES, #SUICIDE PATRON

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